Les larmes de Jésus-Christ sur Jérusalem - François Turretin (méditation)
Et quand il fut proche, voyant la ville, il pleura sur elle, disant : Ô si toi aussi eusses connu, au moins en cette journée qui est à toi, les choses qui appartiennent à ta paix ! mais maintenant elles sont cachées devant tes yeux.
Nous tous, mes frères, de quelque âge, de quelque sexe, de quelque profession que nous soyons, prenons zèle et repentons-nous, et souvenons-nous, du moins en cette journée, de penser aux choses qui appartiennent à notre paix. Ne laissons pas passer le temps de sa grâce, sans nous en prévaloir salutairement pour nous convertir.
C’est la sainte déclaration, que nous devons tous lui faire maintenant avant de sortir de ce temple, et que nous devons exécuter fidèlement dans toute notre vie. Car à quoi nous servirait, d’en avoir la pensée, ou d’en faire la résolution, si ce n’est que pour quelques moments, et si nous ne serons pas plutôt sortis de ce sacré lieu, que nous retournerons à notre mauvais train, et que nous continuerons dans nos vices ?
Malheur à nous si nous avons une semblable pensée. Il vaudrait mieux sans doute, n’avoir pas jeûné, si nous le faisons de la sorte, puisque nous ferions assez paraître que notre jeûne n’aurait été qu’un jeûne d’hypocrites, qui est en détestation à l’Éternel, et que nous ajouterions à tous nos autres crimes, le plus noir de tous, qui est celui du parjure, en faussant méchamment la foi que nous lui aurions donnée.
Mais si nous en usons autrement, comme je l’espère de la miséricorde de Dieu, et de votre piété ; si nous nous disposons à lui être fidèles toute notre vie, et à garder inviolablement le serment que nous venons de faire — nous ne devons pas douter, que notre humiliation ne lui soit agréable, et qu’il n’accomplisse fidèlement de sa part les promesses qu’il nous a faites — il nous environnera toujours de sa protection comme d’une muraille de feu, il nous couronnera de ses gratuités (grâces) et de ses compassions, il dissipera nos craintes, il adoucira nos amertumes, il nous consolera dans toutes nos afflictions, et il nous fera glorieusement triompher de tous nos ennemis.
Et au lieu où il a pleuré sur Jérusalem, à cause de l’incrédulité et de l’impénitence (de cette ville), voyant notre repentance, et notre foi, il se réjouira en nous, et y prendra son bon plaisir. Il continuera toujours sa présence salutaire, jusqu’à ce qu’après nous avoir fait passer heureusement dans cette vallée de larmes, il nous recueille dans sa Jérusalem céleste, la véritable vision de paix, où toutes nos larmes étant taries et tout notre deuil étant fini.
Il changera nos pleurs en joie, nos soupirs en actions de grâces, et nos lamentations en chants de triomphe, pour entonner avec tous les saints cet éternel : Alléluia, à celui qui est sur le trône, et à l’Agneau, soit honneur, louange, et gloire, aux siècles des siècles. Ainsi soit-il.
François Turretin
Sermons sur divers passages de l’Écriture sainte. Extrait du sermon II.