Prière pendant la maladie - Michel le Faucheur
Seigneur bon Dieu, puisque tel est ton bon plaisir que dans ton sein comme dans le sein de mon père, je verse mes larmes et mes douleurs. Je viens pressé par la grandeur de mes péchés, la rigueur de mes maux, l’autorité de ton commandement, et la douceur de ta promesse, me jeter à tes pieds, pour te prier par les entrailles de ta miséricorde, et par le sang précieux de ton Fils d’avoir pitié de moi, et de te rendre propice à mes vœux.
Ne me traite point, ô bon Dieu, selon ce que j’ai mérité. Car je sais bien que si tu regardes à mes défauts, ils sont tels et en si grand nombre, que je serai toujours trouvé digne de beaucoup plus de mal que je n’en souffre, et tout à fait indigne du secours pour lequel je t’implore. N’ayant point fait ta volonté, comment puis-je espérer que tu fasses la mienne ? que je t’aie été si rebelle, et que tu me sois tout clément ? et que tu défères à mes prières, ce que je n’ai point déféré à tes commandement ?
Au contraire, que pourrais-je attendre, ô Souverain Juge des hommes, sinon que ta justice indignée contre mes péchés, quant à la chair, redoublât tes bâtons sur moi, et ajoutât douleur à mes douleurs, et quant à l’âme, éteignit ta lumière en mon entendement, ta consolation en mon coeur, ta grâce en toutes mes puissances ; et me privant de l’assistance de ton Esprit et de tes anges, m’abandonnât en proie aux ennemis de mon salut, si ce n’était l’amour que tu me portes en Jésus-Christ ton Fils ?
Mais autant que la conscience de mon démérite m’étonne, autant la confiance de son mérité me console. Je suis pécheur, et grand pécheur ; mais tant y a que par ta grâce je suis un de ses membres, et en cette qualité j’ai sujet d’espérer ta miséricorde.
Car je crois à ton Évangile, où tu promets ta consolation et ta grâce à tous ceux qui croient en lui. Je crois en lui, Seigneur, et tu le sais. Veuilles donc pour l’amour de lui, et en souvenance des peines qu’il a souffertes pour moi en la croix, me recevoir en grâce, et couvrir de ton indulgence toutes les choses par lesquelles, depuis que je suis en ce monde, j’ai déplu à tes yeux en contrevenant à tes lois.
Regarde-moi, non plus comme pécheur, mais comme ton enfant. Montre-moi visage de Père. Et si tu me châties, que ce soit en ta grâce, non en ton ire ; pour m’amender, non pour me perdre ; pour m’humilier, non pour m’abîmer. Mes maux sont bien petits à l’égard de mes forces. Mon esprit tâche bien à les supporter pour l’amour de toi, mais ma chair est infirme.
Veuilles donc, ô bon Dieu, puisque tu es mon Père, puisque tu m’aimes, puisque tu ne veux point me perdre, modérer un peu ta rigueur, te contenter de ma peine passée, et retirer ton bâton sur ma personne tant abattue. Que si tu veux, et s’il est ainsi nécessaire pour mon salut, que je demeure encore pour quelques temps cloué à cette croix. Je me soumets tout à fait à ta volonté. Me voici tout nu sous ton bâton, prêt à souffrir tout ce que tu voudras.
Seulement, ô bon Dieu, je te recommande mon âme. Assiste-la toujours de ton Esprit, et subviens charitablement à toutes ses infirmité. Fais qu’au milieu des inquiétudes du corps elle soit toujours paisible et tranquille, toujours libre dans ses fonctions, toujours élevée vers ton trône, toujours éclairée de ta lumière, toujours embrasée de ton amour.
Ne permets pas que jamais l’impatience de ma chair, la grandeur de mes maux, ou la longueur de mes ennuis me transporte au-delà des termes de l’obéissance et du saint respect que je dois à ta volonté, comme à la règle souveraine de mes affections.
Mais comme en me me visitant tu modères la rigueur de ton châtiment par la suavité de ta sainte consolation, fais qu’aussi je tempère l’aigreur de mes plaintes par la douceur de ton amour, et l’amertume de mes larmes par le souvenir de tes bienfaits passés, par la reconnaissance de tes grâces présentes, et par l’espérance certaine de ton assistance future, et de ta béatitude immortelle.
Enfin, ô Dieu, si tu sais que je puisse encore en ce monde être utile pour ton service, pour l’édification de ton peuple, pour le soulagement de ceux qui m’appartiennent, et pour mon salut propre, veuille conserver ma vie, et me restituer la santé que tu m’avais auparavant donnée, afin que la tenant doublement de ta main, je me sente doublement tenu à te la consacrer ; et que je l’emploie toute pour la gloire de ton saint nom.
Inspire ta vertu et ta bénédiction aux aliments et aux médicaments que l’on me donne, ou pour ma nourriture, ou pour ma guérison, toi qui peux tout, et par les moyens, et sans les moyens, et qui d’une main toute puissante, mènes au sépulcre et en ramènes.
Restaure en moi les forces naturelles que tu m’avais auparavant données, par cette vertu infinie qui a tout fait de rien, et qui ne guérit pas seulement les malades, mais ressuscite même les morts. Mais quand ce sera mon meilleur d’être délivré de ce corps mortel, et recueilli dans l’immortalité de ton saint repos, fais-moi la grâce qu’en cela je me conforme tout à fait à ta sainte ordonnance.
Qu’avec une foi sincère, une vraie repentance, et une ardente dévotion je me prépare à comparaître en ta présence. Lave par le sang de ton Fils toutes les taches qui peuvent me rendre déplaisant à tes yeux, et purge-moi de tout péché. Couvre toutes mes injustices de sa justice, et toutes mes rebellions de son obéissance.
En me tirant de la compagnie des hommes, assiste-moi de celle de tes anges qui recueillent mon âme, la portent sur leurs bras, et la posent entre les tiens, où elle soit faite exempte à jamais des ennuis, des douleurs, et de toutes les misères de cette vie, et jouissante de ta glorieuse présence, jusqu’à ce qu’enfin afin après la résurrection bienheureuse, je jouisse en corps et en âme en toute éternité de ces contentements infinis et incompréhensibles, que tu as réservés dedans ton paradis pour la rémunération gratuite de ceux qui t’aiment et te révèrent.
Amen.
Psaume 6
3 Éternel, aie pitié de moi, car je suis sans aucune force : guéris-moi, ô Éternel, car mes os sont étonnés.
4 Même mon âme est fort troublée : et toi, ô Éternel, jusques à quand ?
5 Éternel, retourne-toi, garantis mon âme, délivre-moi pour l’amour de ta gratuité (grâce).
6 Car il n’est point fait mention de toi en la mort : et qui est-ce qui te célébrera dans le sépulcre ?
Psaume 25
18 Regarde mon affliction et mon travail, et me pardonne tous mes péchés.
Psaume 38
3 Car tes flèches sont entrées en moi, et ta main est tombée sur moi.
4 Il n’y a rien d’entier en ma chair, à cause de ton indignation ; ni de repos dans mes os, à cause de mon péché.
5 Car mes iniquités dépassent ma tête, et sont appesanties comme un pesant fardeau, au delà de mes forces.
10 Seigneur, tout mon désir est devant toi, et mon gémissement ne t’est point caché.
16 Puisque je me suis attendu à toi, ô Éternel, tu me répondras, Seigneur mon Dieu.
22 Éternel, ne m’abandonne point : mon Dieu, ne t’éloigne point de moi.
23 Hâte-toi de venir à mon aide, Seigneur, qui es ma délivrance.
Michel le Faucheur
Prières et méditations chrétiennes.