Le fidélité couronnée - François Turretin (méditation)
ou sermon sur ces paroles de l’Apocalypse 2.10
« Sois fidèle jusques à la mort, et je te donnerai la couronne de vie. »
Mais souvenons-nous, que celui qui l’a promis est fidèle. Il n’est pas homme pour mentir, ni fils de l’homme pour se repentir, a-t-il dit et ne sera-t-il point, a-t-il parlé, et ne l’accomplira-t-il point ? Quand le ciel et la terre passeraient, sa parole sera toujours ferme, ses dons et sa vocation sont sans repentance. Étant tout bon et tout-puissant, comme il est, il n’y aura jamais rien, qui l’empêche de nous donner la couronne qu’il nous a promise.
C’est lui qui nous l’a méritée par son sang, qui nous la réserve dans le ciel, et qui nous la donnera un jour infailliblement, suivant sa promesse, et nos espérances. Ayant donc une si grande et si précieuse promesse, consolons-nous, mes chers frères, dans les chagrins de cette misérable vie. Opposons la gloire et la richesse de cette couronne, aux mépris, et aux opprobres, que le monde nous fait souffrir. Tenons la ferme déjà par notre foi, et par notre espérance, de peur que personne ne nous la ravisse.
En attendant ce jour heureux, auquel le Seigneur Jésus, le grand Juge de l’univers, viendra nous en donner la possession, la mettant lui-même sur nos têtes, parmi les acclamations des anges, et des esprits bienheureux.
Heureux jour, qui mettra fin à toutes nos misères, et qui commencera notre parfaite félicité !
Heureux jour, qui présentera à nos yeux l’agréable spectacle de la destruction du Diable, et du triomphe l’Église ; où nous n’aurons plus le déplaisir de voir les méchants dans le triomphe, et les fidèles dans la souffrance, mais où tous nos ennemis étant vaincus, nous verrons avec consolation les méchants jetés dans un feu, qui n’éteint point ; et les fidèles élevés sur des trônes qui ne branlent point.
Et toute l’Église triomphante réunie à son bienheureux Rédempteur. Quelle joie n’aurons-nous pas alors de contempler ce divin Sauveur, tout rayonnant de gloire et de majesté, venir dans les nues du ciel pour notre rédemption et salut ! Quelle satisfaction ne nous sera-ce pas, de lui entendre prononcer l’arrêt de notre absolution, et de goûter les admirables fruits de son amour !
Celui qui nous crie aujourd’hui pour nous encourager dans nos combats, « sois fidèle jusques à la mort, et je te donnerai la couronne de vie », nous fera ouïr alors cette agréable voix, pour nous consoler de toutes nos peines. Venez, nous dira-t-il, mes bons et mes fidèles serviteurs, vous qui avez persévéré avec moi dans mes tentations, et qui avez gardé mes œuvres jusques à la fin.
Entrez en la joie de votre Seigneur, et recevez de ma main libérale la couronne de vie, que je vous ai promise.
Et nous, tout ravis en admiration de ce grand et inestimable bonheur, pleins de joie, et de reconnaissance, jetterons nos couronnes avec les vingt-quatre anciens, aux pieds de l’Agneau, devant le trône, et ne nous lasserons jamais d’entonner un nouveau cantique à sa louange, et de nous écrier avec tous les saints : « À celui qui nous a aimés, qui nous a lavés de nos péchés par son sang, qui nous a faits rois et sacrificateurs à Dieu son Père, à lui soit gloire, et force aux siècles des siècles ».
Amen.
François Turretin
Sermons sur divers passages de l’Écriture sainte. Extrait du sermon IV.