La foi consommée par l'Evangile - David Martin (méditation)
Ah ! mes frères, qu’il en coûte peu à une âme de se sacrifier pour Dieu, quand on sent bien ce que Dieu est, et ce que l’on est soi-même ! quand on sent ce que Dieu a fait pour nous, et qu’on a présent devant soi ce que Dieu veut faire encore pour rendre notre bonheur accompli !
Il n’y a point alors de passion dans le cœur qui ne disparaisse et qui ne s’éteigne devant un si grand objet. Il n’y a point d’attachement avec le monde qui ne se rompe. Il n’y a point d’intérêt humain qui ne tombe devant celui que l’on trouve à servir Dieu, et à se dévouer tout entier à lui.
Mais le mal est qu’on se remplit peu l’esprit de la grande idée de Dieu, et qu’on y laisse occuper trop de place à celle du monde. Le mal est qu’on est trop sensible au présent, et qu’on pense peu à l’avenir. Le mal est enfin qu’on ne consulte guère en tout ce qu’on fait, les devoirs les plus sacrés de la piété, et qu’on ne se fait guère une habitude de veiller sur les mouvements secrets du cœur, et de s’opposer d’abord à ses doux penchants.
Ainsi peu à peu, mes frères, le vice gagne le dessus sur la vertu, et la foi languit sous le vice ; et une foi languissante, une foi presque étouffée par l’assemblage de plusieurs vices, ou par un péché d’habitude qui a pris empire sur le cœur, que peut-elle faire pour purifier ce cœur, pour élever cette âme à Dieu ? C’est beaucoup si elle n’achève pas d’y expirer, et d’y rendre son dernier souffle.
La foi produit les vertus chrétiennes, mais à leur tour les vertus chrétiennes servent à nourrir et à entretenir la foi, de même, à peu près, que les sages et industrieuses abeilles produisent le miel, et que le miel ensuite sert de soutien et de nourriture aux abeilles.
Je n’ai sur tout cela, mes frères bien-aimés, et très désirés, ma joie et ma couronne en la journée de Christ.
Je n’ai qu’à prier humblement le Dieu de grâce et de miséricorde de vous donner à tous cette foi si souhaitable et si nécessaire que l’Écriture appelle la foi des saints ; cette foi céleste qui purifie les cœurs, et qui y fait habiter Jésus-Christ comme dans son temple.
Je n’ai qu’à prier humblement le Dieu de grâce et de miséricorde de défendre lui-même votre foi contre toutes les tentations qui lui sont livrées, de ne jamais vous exposer à des épreuves que vous ne puissiez pas soutenir, et dont vous ne sortiez pas victorieux.
Je n’ai qu’à prier humblement le Dieu de grâce et de miséricorde qu’après vous avoir donné une foi sanctifiante, et une fois victorieuse des tentations, il couronne votre foi, et vous reçoive, comme des serviteurs fidèles, dans la joie de votre Seigneur.
Ce sont aussi là, mes très chers frères, les vœux que je fais tous les jours pour vous, comme pour moi-même.
Tu le fais, mon Dieu, et tous les soirs et tous les matins ces prières montent devant toi comme le parfum. Reçois-les en ta divine miséricorde ; verse abondamment tes bénédictions sur le Pasteur et sur le Troupeau, et fais que pasteurs et troupeaux nous puissions tous ensemble te bénir et te glorifier dans l’éternité. Amen, Amen.
Et à toi Père, Fils et Saint-Esprit, saint et glorieuse Trinité, soit honneur, louange, et gloire au siècle des siècles. Ainsi soit-il.
David Martin
L’Excellence de la foi et de ses effets. Extrait du sermon XX.