De Jésus-Christ - Guillaume Farel (méditation)
Jésus-Christ, vrai fils de Dieu, le bras, puissance, parole, et sapience (sagesse et science) du Père.
Auquel comme homme, Dieu a élu son saint temple, son habitation, son tabernacle, le saint des saints, le propitiatoire où sont tous les trésors de sapience et sagesse, et où toute la divinité habite ; non pas comme dans l’ombre et la figure, mais comme au corps et à la vérité, auquel est consommée et parfaitement accomplie toute l’œuvre de Dieu.
Car par lui sont restaurées et sont parfaites toutes choses, tant au ciel que sur la terre. Pour cette raison, pleine vie, pleine puissance, vertu, sagesse, grâce, et justice sont en lui. Lequel fait obéissance au Père, né de mère, voire d’une vierge sans semence d’homme, fait subi à la loi, n’a point demandé sa gloire, ni sa volonté, mais celle du Père, ne parlant et ne faisant rien de soi-même, mais tout par son Père, lequel était en lui, réconciliant le monde à soi-même.
Tant s’est humilié et abaissé qu’il est mort pour nous, lui juste et innocent pour les injustes et iniques, offrant son corps et son sang pour la purification de nos âmes. Lesquelles par cette mort et sacrifice, et par ce beau don de son fils, le Père veut qu’elles soient certaines de leur salut et vie, et que pleinement elles sont purifiées et lavées de leurs iniquités.
Et que le Père pour l’amour de soi-même, et non pas pour l’amour de nous, ni de nos œuvres, mérites et justices – qui ne sont que abominations – il nous sauve, il nous vivifie, nous prenant pour ses fils et héritiers, héritiers avec Jésus-Christ, duquel sont faits membres tous ceux qui ont la vraie foi en lui, et pourtant unis, et incorporés au corps de Jésus.
Par la vertu divine qui habite le chef, toute puissance contraire est détruite ; par la vie parfaite et immortelle, notre mort abolie ; par la sainteté, justice, pureté et innocence infinie qui est en lui, toute notre mauvaiseté, iniquité, et ordure est jetée dans l’abîme.
Et par cette grande puissance nous sommes réparés en plus noble état, que jamais nous ne fûmes avant le péché d’Adam au paradis, non point qui est terrestre, mais céleste, qui a une vie, non pas corporelle, corruptible, et qu’on peut perdre, mais spirituelle, sans corruption, et qu’on ne perdra jamais.
Qui connaît et comprend ceci par une vraie et vive foi, il a véritablement la vie éternelle, et ne s’arrête plus aux créatures, ni aux choses vaines, ayant la connaissance du Père par le fils, auquel il connaît et comprend la grande bonté de Dieu, et son infinie miséricorde.
Guillaume Farel
Le Sommaire. Chapitre III.