De l'incarnation du Fils de Dieu - André Rivet (méditation)
Car l’enfant nous est né, le fils nous a été donné, et l’empire a été posé sur son épaule, et on appellera son nom, l’Admirable, le Conseiller, le Dieu fort et puissant, le Père d’éternité, le Prince de paix.
N’ayons point honte de la condition qu’il a prise, puisqu’il l’a fait pour améliorer la nôtre. Si on le méprise fils d’un charpentier, croyons qu’il est fils de ce grand ouvrier, qui a formé le monde, non à coups de marteau, mais par son seul commandement, qui n’a pas joint les éléments par l’art, – mais d’une seule parole les a produits –, qui a moulé cette masse du monde par sa seule autorité.
S’il est venu prendre nos infirmités, c’est pour nous conférer ses vertus. S’il est abaissé jusques aux choses humaines, ç’a été pour accomplir les divines. S’il a reçu des injures, ç’a été pour rendre des dignités.
Dieu s’est assujetti à la nécessité de naître, pour refaire en naissant la nature qu’il avait faite en créant, parce que l’ayant faite pour engendrer à la vie, elle engendrait à la mort. Par le péché premier, elle avait reçu la plaie mortelle, et celle qui avait été commencement de vie, se trouvait origine de mort.
Mais l’enfant qui est Dieu nous est né, afin que la naissance de l’auteur de la nature, lui apportât guérison par grâce, et que la guérison de la nature, fût la vivification des enfants de grâce. En somme, il est venu servir sur la terre, pour nous faire régner au ciel. Il viendra pour être toujours avec nous, et se rendra présent à nos yeux comme il l’est à présent à nos cœurs.
Attendons patiemment sa venue, et en elle la destruction du dernier ennemi auquel jour après que toutes choses lui seront assujetties, le fils même aussi sera assujetti à celui qui lui a assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous (1Co 15.26,28).
À lui, Père Fils et Saint-Esprit soit honneur, gloire force et puissance, éternellement, Amen.
André Rivet
XII méditations ou homélies de quelques mystères de notre rédemption et autres doctrines et exercices de piété. Extrait de la méditation I.