Quel est le but que Dieu s'est proposé en me créant - Pierre Roques (méditation et prière)
Dieu a couronné l’homme de gloire et d’honneur, il l’a établi dominateur sur les oeuvres de ses mains. Ps 8.6,7
Réflexions
I. Dieu m’a donné la vie par un unique effet de sa bonté. Son intérêt n’y est pas entré pour rien. Quel intérêt, le seul suffisant à lui-même, peut-il trouver dans l’existence d’une créature, dont il s’est passé toute une éternité, sans en être moins heureux ?
II. Tout ce qui m’environne, m’instruit du but que Dieu a eu en me créant. Quel nombre prodigieux de créatures propres à mon usage et dont le Souverain m’a permis de me servir ? Puis-je douter que Dieu n’ait voulu mon bien ? M’aurait-il environné de tant de preuves de sa gratuité (grâce) s’il n’avait eu mon repos et mon bonheur en vue ?
III. Je ne suis pas formé pour vivre éternellement sur cette terre ; et Dieu n’a pas voulu borner ici les effets de sa miséricorde envers moi. Ce ne sont ici que les prémices des biens que mon Dieu me destine. Le royaume et la couronne qui m’attendent, valent plus que toute la gloire dont Dieu m’environne ici bas et plus que tous les biens qu’il me dispense.
IV. Nous sommes ravis lorsque nous découvrons que Dieu nous a formés pour nous rendre heureux ; mais nous voudrions que Dieu nous eût laissé maîtres de nous tracer le chemin qui doit nous conduire à lui. Nous aurions voulu que les routes que nos passions agréent, eussent toutes abouti à la souveraine félicité. Juge, ô mon âme ! si le Distributeur de la gloire, ne doit pas être l’arbitre souverain des conditions sous lesquelles on peut l’obtenir ? Juge, s’il convient, que Dieu reçoive dans son ciel, ceux qui n’auront marché que dans les routes que les démons leur a tracées ?
V. Pouvons-nous envisager le but de notre création, sans nous en former un qui soit digne de notre Dieu ? Dieu ne veut que mon bien ; je ne dois donc vouloir que sa gloire. Dieu ne travaille qu’à me perfectionner ; je ne dois donc aspirer qu’à le connaître et à le suivre. Dieu me dispense mille biens ; je dois donc travailler à faire servir à sa gloire ces même avantages qu’il fait servir à mon bonheur.
Prière
Ta bonté, ta seule charité, ô mon Dieu ! t’a porté, à me tirer du sein du néant. Tu n’avais aucun besoin de moi, ni de tout ce qui subsiste par ton pouvoir. C’est le grand but de me rendre heureux, de me faire connaître ce que tu es, et ce que tu peux, pour ceux qui te craignent, que tu as eu en me formant, et que tu as encore en me conservant, par une suite de miracles de ta providence. Malheureux que je suis ! pourquoi ne pas concourir, comme je devrais, à ce dessein de miséricorde, et de salut, que tu as conçu pour moi, selon tes grandes compassions ? Tu as eu dessein de me rendre heureux, mais d’une manière digne de toi. Point de bonheur ne se trouve qu’en toi. Il faut donc que je m’attache à ton service ; et qu’en célébrant tes perfections, je les imite, autant que je le peux dans ma faiblesse ; afin que répondant, par là, à tes vues, j’éprouve les doux et les salutaires effets de ton amour. Amen !
Pierre Roques
Le tableau de la conduite du chrétien qui s’occupe sérieusement du soin de son salut.