Pensées 365, blog huguenot de méditations et de prières chrétiennes. Ressources pour le culte privé.

Psaume 38.5 - Pierre du Moulin, fils (méditation)


Mes iniquités dépassent ma tête; elles sont comme un pesant fardeau, trop pesantes pour moi. (Ps 38.5)

La vie du fidèle est un voyage à Dieu. Et je rends grâces à sa bonté de ce que je sens au dedans de moi un sérieux désir de faire ce voyage. Car je sais qu’approcher de Dieu c’est mon bien, et que me reculer de lui c’est ma perte assurée.

Mais quand je tâche à m’élever en haut pour m’approcher de lui, je sens un pesant fardeau de la chair qui pend aux ailes de ma dévotion et qui la tire en bas. Le nombre de mes péchés me remplit de honte. Et la grandeur et la sainteté de Dieu m’arrêtent de frayeur. Car puisque les cieux mêmes ne sont pas purs devant lui, et que les séraphins qui assistent en sa présence couvrent leurs faces de leurs ailes, comme n’étant pas assez justes pour regarder ce Saint des saints, comment oserai-je, étant souillé de péché, comparaître devant cette souveraine justice ? Comment la paille pourrait-elle subsister devant ce grand feu consumant.

Je vois donc que pour monter à Dieu, la première marche de l’escalier doit être l’humilité. Je vois que le moyen d’avoir l’absolution de mon grand juge, c’est de me condamner moi-même. Et que jamais Dieu ne me déclarera innocent que je ne me sois auparavant déclaré criminel.

Hélas ! je n’en ai que trop de sujet, quand je me ressouviens de ce que j’ai reçu de Dieu, et de ce que je lui ai rendu. Il a gravé son image dans mon coeur, et je l’ai défigurée par le péché. Il m’a fait pour sa gloire, et j’ai cherché la mienne. Il m’a éclairé de sa connaissance, et je n’ai point cheminé comme je devais dans sa lumière. Il m’a racheté par le sang précieux de son Fils bien-aimé, et je ne lui ai point rendu ce qu’il a acheté si cher. Mon corps et mon âme lui appartiennent par le droit de création, de rédemption, et de préservation, et je ne l’ai point dignement glorifié dans mon corps et dans mon esprit qui sont à lui.

Combien de grâces ai-je reçu de sa libéralité, et quel compte puis-je lui rendre de l’usage auquel je les ai employées ? Quelle assistance ne m’a-t-il pas donnée dans mes nécessités ? Quelle délivrance dans mes dangers et quelle reconnaissance lui en ai-je rendue ? Au contraire tandis qu’il me défendait, je l’offensais, et tandis que je l’offensais, il me défendait encore, comme si sa grâce et mon ingratitude eussent contesté à qui l’emporterait.

J’apprends de Salomon, qu’il n’est pas bon de frapper les princes pour avoir agi justement. C’est mal fait d’outrager notre prochain, beaucoup plus s’il est juste, beaucoup plus s’il est notre prince, et beaucoup plus encore si nous l’outrageons pour avoir justement agi. Voilà une image du traitement que j’ai fait à mon Dieu. J’ai offensé celui qui est souverainement juste, et qui est la justice même. Et ce juste-là est mon Prince et mon Souverain. Et c’est pour sa bonté et pour sa justice que je l’ai offensé. Car s’il m’eût précipité dans les enfers quand j’étais plongé dans le crime, ce qu’il eût pu justement faire, et s’il ne m’eût continué la vie, la santé, et l’assurance de ses biens, je n’eusse pas eu le moyen d’employer ses bienfaits pour offenser mon bienfaiteur comme j’ai fait.

Avec quelle négligence me suis-je acquitté des devoirs de son service ! Que de froideur dans mon zèle ! Que d’égarement dans mes prières ? Que de nonchalance dans l’exercice des bonnes oeuvres ! Ai-je écouté sa parole avec attention ? L’ai-je méditée avec affection ? L’ai-je gardée avec sincérité ? Et quand Dieu m’a touché par son bon Esprit, l’ai-je reçu et entretenu dans mon coeur comme je devais ? Lui ai-je ouvert la porte toutes les fois qu’il a frappé, et qu’il m’a dit comme à l’Épouse, Lève-toi ma soeur, ma grande amie, ouvre-moi ? (Cant. 5.2). Au lieu de cela, n’ai-je pas souvent méprisé les richesses de sa bonté, de sa patience, et de sa longue attente, ne connaissant point, ou qui pis est, ne considérant point que la bonté de Dieu me conviait à la repentance ?

Ah ! combien pesamment je me remue pour m’élever à Dieu ! et combien sont prompts mes mouvements vers le monde. Et combien souvent mes bons mouvements sont-ils interrompus par les pensées mondaines et par ma propre légèreté ! Combien aisément suis-je enlacé par la convoitise des richesses qui est la racine de tous maux, et séduit par la flatterie des espérances terrestres !

Pauvre âme, qui aspires au ciel qui est ta patrie, dans quel air étranger vis-tu, où le monde emporte tout le temps, et où il faut dérober les moments pour penser à Dieu ! Dans quelle prison charnelle es-tu confiné, où la piété est languissante, et le péché vigoureux; où la nature aide à sa captivité, et a peur de sa liberté. Misérable que je suis, qui me délivrera du corps de cette mort ? (Rom. 7.24).

Pierre du Moulin, fils

Semaine de méditations et de prières.
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