Prière sur la Pâque ancienne, et sur ce qu’elle signifiait – Bénédict Pictet
Je ne lis jamais, mon Seigneur et mon Dieu, la manière dans laquelle tu délivras ton ancien peuple de la servitude d’Égypte, sans admirer ta puissance infinie, ta sagesse incompréhensible, et surtout ta bonté ineffable envers ton Israël. Que ne fis-tu pas, ô Éternel ! pour tirer ta nation sainte, et ton peuple élu des mains du cruel tyran qui le tenait esclave. On n’avait jamais rien entendu de semblable, et les yeux n’ont point vu de Dieu que toi, qui fit de telles choses pour ceux qui s’attendent à lui.
Mais mon étonnement s’augmente quand je fais réflexion sur
ce que tu ordonnas à cet ancien peuple, avant que de le faire sortir de son
triste esclavage, et sur ce qui arriva, après qu’ils eurent exécuté tes ordres.
Tu leur commandas de prendre un agneau, et de l’immoler, d’arroser de son sang
les poteaux de leurs portes, de le rôtir au feu, d’en manger avec des herbes
amères et des pains sans levain ; et ton ange épargna tous ceux dont les
portes furent teintes du sang de cet agneau, pendant qu’il tua tous les
premiers-nés des Égyptiens : ce qui fut suivi de la délivrance de ton
Israël, qui d’une très amère servitude passa dans une douce liberté.
Ô mon
Dieu, comment se peut-il que le sang d’un agneau ait fait ce que les foudres et
les tonnerres, ce que les eaux du Nil changées en sang, des ténèbres épaisses,
des sauterelles et des moucherons, et d’autres miracles n’avaient point pu
exécuter ! Quelle vertu avait ce sang en lui-même pour détourner la mort
des maisons, où il avait été répandu, et pour l’attirer dans celles où il n’en
paraissait aucune trace ? Pourquoi fallait-il que ton ange eût une marque,
à laquelle il put distinguer les enfants de Jacob d’avec les Égyptiens, comme s’il
ne les connaissait pas ?
Je ne saurais trouver, ô mon Dieu ! aucune
raison de ces choses, qui satisfasse mon esprit, qu’en reconnaissant ici un
admirable type de ce que tu as fait pour nous dans l’accomplissement des temps,
et de la miraculeuse délivrance et de la rédemption éternelle que ton cher Fils
nous a acquise par son précieux sang. Je trouve dans ton Bien-aimé le corps de
toutes ces ombres, et la vérité de toutes ces figures. C’est par lui que tu
nous as tirés des mains du Pharaon infernal et de la puissance des ténèbres,
et que tu nous as transportés au royaume de ta merveilleuse lumière.
C’est ce
divin Agneau, sans tache, qui ayant été tiré d’entre les hommes, et consacré
pour être la victime du monde, a été immolé sur la croix, et même, par un effet
de ta providence, dans le jour que l’ancien agneau devait être égorgé. Tu l’avais
destiné pour ôter les péchés du monde, et il les a ôtés par son sang. Ce sang a
éteint les ardeurs de ta juste colère ; et étant ainsi apaisé envers nous,
tu nous as épargnés sans nous frapper de ce glaive mortel, dont nous avions
mérités de recevoir le coup. Ton Agneau nous a délivrés de la servitude
spirituelle, où nous étions sous le joug du péché, et nous a faits d’esclaves
du démon, ton peuple libre, ta royale sacrificature.
Béni sois-tu à jamais, ô
notre grand Dieu ! pour tes inestimables faveurs. Il n’en coûta aux
Israélites que quelques agneaux ; mais tu nous as donné ton Fils pour être
notre Agneau, parce qu’il était impossible que le sang des agneaux et des boucs
expiât nos péchés, et que ta Justice demandait une victime d’un prix infini. Tu
as même exposé cet Agneau à toutes les ardeurs de ton indignation, et tu nous
appelles à en manger la chair dans le sacrement de la Sainte Cène.
Ô mon Dieu !
que je désire de manger cette chair vivifiante : mais fais que je m’y
prépare avec soin, afin que mon âme en soit nourrie. Fais aspersion de son
sang, par ton Esprit, sur ma conscience, afin que je n’aie rien à craindre de
ta justice, et qu’après avoir achevé mes pèlerinages, je puisse passer dans ta
Canaan céleste, où ma Pâques s’accomplira dans ton royaume, où je vivrai
et règnerai éternellement avec toi.
Amen.
Bénédict Pictet.
Prières pour les jours de sainte cène, de Noël, de Pâques, de Pentecôte et de septembre, et pour les jours de jeûne.
Prières pour les jours de sainte cène, de Noël, de Pâques, de Pentecôte et de septembre, et pour les jours de jeûne.